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Choisir et mélanger ses couleurs

Comment procéder pour bien choisir et mélanger ses couleurs

Pour de nombreuses personnes, choisir et mélanger les couleurs n’est pas chose facile. En fait, les choix sont souvent arbitraires et les résultats aléatoires.

La problématique des mélanges

Par expérience, je sais que la problématique des mélanges est la somme de trois problèmes différents : une incertitude autour du choix initial des couleurs à mélanger, une incompréhension de la méthode à appliquer pour obtenir la couleur souhaitée et finalement la nécessité de préserver une harmonie chromatique dans la peinture. Ne disposant pas ici de la place pour aborder l’harmonie chromatique et la question de l’équilibre des valeurs, formes et textures, je vous renvoie vers Le Grand livre de l’aquarelle, disponible sous forme numérique uniquement (à l’adresse suivante : https://fr.divertistore.com – Tapez 1641 dans la recherche située en haut de page). En attendant, j’espère que la suite de cet article vous aidera à trouver des réponses aux questions que vous vous posez, car je compte partager avec vous les clés pour vous ouvrir le monde de la couleur ! Dans un autre thème, je vous ai dit que la couleur en peinture était accessoire, nullement primordiale. Cette phrase a le chic pour « mettre les gens en boule ». Mais je répète que la couleur n’est pas essentielle et j’en veux pour preuve les milliers de monochromes extraordinaires qui ont émaillé l’histoire de la peinture. Pourtant, je vous l’accorde, la couleur fournit une étincelle, une dimension supplémentaire qui contribue à l’ambiance d’une oeuvre et à la création d’émotions. Commençons donc par quelques conseils pour réussir vos mélanges.

 

Comment choisir sa palette ?

Chaque artiste a ses propres idées sur la question… Et moi aussi ! Mais la seule véritable façon d’obtenir la bonne palette, celle qui vous convient le mieux, est de bien comprendre votre technique et les résultats que vous recherchez dans votre peinture. Il faut choisir sa palette en fonction de ses besoins, non de ceux des autres. Imaginons que votre objectif soit de peindre des œuvres pleines de couleurs transparentes, où la fraîcheur prime. Il est évident que vous aurez besoin d’une large palette de couleurs saturées et transparentes. Par contre, si vous cherchez à exprimer toute la profondeur de l’échelle des valeurs, des couleurs plus opaques seront sans doute les bienvenues. Si, à l’instar de ma technique, il vous arrive régulièrement de peindre sec sur mouillé, des couleurs opaques, voire granuleuses permettront à vos traits de rester là où vous les avez posés, alors que les couleurs transparentes ont tendance à fuser plus rapidement. En fait, je mélange souvent une touche de gouache blanche à mes couleurs pour rompre une couleur vive et transparente et obtenir une couleur qui ne perd pas en pureté pour autant, mais qui est plutôt crémeuse et douce et dans les tons pastel. Une fois que vous aurez compris votre technique et les résultats recherchés, la bataille sera presque gagnée ! Mais alors, comment choisir parmi les centaines de couleurs – transparentes, opaques, saturées
ou non – qui sont proposées à la vente?
Mon premier conseil : Ne pas succomber à la tentation d ’acheter toutes les nouvelles couleurs disponibles dans le commerce. Commencez avec un nombre réduit, idéalement une de chacune des couleurs suivantes : bleu, rouge, jaune (éventuellement orange), vert et violet. Apprenez à travailler uniquement avec ces couleurs. Observez la manière dont elles réagissent avec l’eau, comment elles fusent, les couleurs que l’on obtient en les mélangeant etc. De cette façon, vous acquerrez une certaine maîtrise de votre palette et vous pourrez mélanger facilement les couleurs, quasiment sans réfléchir. Il n’est pas compliqué de comprendre six couleurs ; il est plus difficile d’en comprendre vingt !

 

Mes critères personnels pour les couleurs

Avant qu’une couleur n’arrive sur ma palette, elle doit respecter un certain nombre de critères. Il est vrai que je suis très exigeante et vous n’êtes pas obligés de l’être autant, mais je pense que vous pouvez tout de même bénéficier de mes explications à ce propos. Cette procédure m’a permis d’établir la palette que j’utilise depuis environ cinq ans. Voici mes couleurs de base: terre de Sienne brûlée (PR101), bleu Winsor (nuance verte) (PB15:3), outremer (nuance verte) PB29, vert Winsor (nuance bleue) (PG7), Violet Winsor (dioxazine) (PV23), rose permanent (PV19) ou rouge de quinacridone (PR209), jaune transparent (PY150).

 

Voici les critères que j’applique à toute nouvelle couleur avant de l’incorporer à ma palette :

1. Une faible toxicité.
2. La permanence.
3. La transparence.
4. Une forte saturation.
5. Des couleurs qui ne granulent pas.

MA PALETTE:

Jaune transparent, Terre de sienne brulée, Rose permanent, Violet Dioxazine,

Bleu Winsor (nuance verte) and Vert Winsor (nuance bleue).

p124.jpg

1. Une faible toxicité

Cette question me tient à cœur ; c’est pourquoi elle se trouve en tête de liste ! Nous vivons aujourd’hui entourés de polluants de toute sorte. Chaque année, nous ingérons de nombreuses toxines à cause des engrais et des pesticides, des additifs alimentaires, du fluorure de sodium, des métaux lourds tel l’aluminium et le mercure, pour ne citer qu’eux. Nous nageons dans une véritable soupe toxique qui attaque quotidiennement notre foie, nos reins, notre cerveau et notre pancréas… Pour moi, c’est donc une priorité de réduire, par tous les moyens à ma disposition, la quantité de ces poisons que j’absorbe. Et je ne veux pas que mes couleurs y contribuent. Les peintures fabriquées à base de cadmium et de cobalt, bien que conformes aux
normes de santé, sont néanmoins dangereuses. Pour vous donner une idée de leur dangerosité, laissez-moi vous raconter une histoire qui m’est arrivée. Après avoir léché une noisette de rouge de cadmium, ma chienne (qui pèse pourtant 45 kg) a fait un malaise avec des difficultés respiratoires, que le vétérinaire a diagnostiqué comme étant les symptômes d’un empoisonnement
aigu ! Soyons tout à fait clairs : si vous faites attention et que vous prenez toutes les précautions utiles, ces pigments ne sont pas trop nuisibles, sauf qu’ils s’ajoutent à la toxicité globale de notre environnement. Il vaut mieux en être conscient et prendre une décision en connaissance de cause. De plus, j’ai des enfants qui aiment bien peindre avec mes couleurs, donc je dois redoubler de vigilance. 

Les couleurs à utiliser avec précaution (et celles que personnellement j’évite) sont la gamme entière de couleurs à base de cobalt et de cadmium, ce qui comprend également l’auréoline (PY40), fabriquée à base de cobaltinitrite de potassium. Vous pouvez facilement remplacer les cadmiums par la gamme des pyrroles et des benzimidazolones : vous y trouverez des couleurs de semi-transparentes à semi-opaques, qui sont en outre plus pures et plus stables (car les cadmiums perdent leur stabilité en présence d’humidité). Il est assez facile de remplacer les cobalts aussi, même si vous ne trouverez pas un substitut identique.

 

Mon conseil :

> Remplacez le jaune de cadmium (PY35) par le jaune Winsor ou le jaune du Cambodge (PY175, PY153, PY154, PY65).
> Remplacez l ’orange de cadmium (PY35+PR108) par l’orange Winsor (PO62).
> Remplacez le rouge de cadmium (PR108) par le rouge Winsor (PR254, PR264).
> Remplacez le bleu céruléum (PB35) par l’outremer avec une pointe de blanc (PB29).
> Remplacez le bleu de cobalt (PB28, PB74) par l’outremer (PB29).
> Remplacez le turquoise de cobalt (PB36) par le bleu Winsor (nuance verte ; PB15:3) avec une pointe de blanc.
> Remplacez le vert de cobalt (PG50) par le vert viridian/lumière (PG18) avec une pointe de blanc.
> Remplacez le violet de cobalt (PV14) par le mauve permanent (PV16) avec une pointe de blanc.

2. Permanence

Sans aucune hésitation, je raye systématiquement de ma liste tout pigment instable ! Seules sont acceptées les couleurs notées « excellent » en termes de permanence. Au cours des années, les aquarelles se sont améliorées, mais toutes ne sont pas stables. Certaines couleurs – alizarine cramoisie (PR83), rose garance (NR9), rose opéra (PR122), bleu de Prusse (PB27), bleu d’Anvers (PB27) et auréoline (PY40) – ne constituent pas un choix idéal pour peindre en aquarelle, quelle que soit la

marque. La plupart des fabricants (mais pas tous) sont très francs en ce qui concerne les problèmes d’instabilité et le précisent dans le nuancier. N’oubliez pas que les aquarelles sont également utilisées par les illustrateurs, les graphistes, les architectes et
les designers, par exemple pour réaliser un original destiné à l’impression ou pour présenter un concept. Ces derniers sont donc moins concernés par la question de la permanence.

 

3. Transparence

Je préfère mélanger uniquement les couleurs transparentes – cela correspond mieux à ma technique. J’exclus même les couleurs semi-transparentes, mais il s’agit là d’une préférence entièrement personnelle. Les couleurs transparentes sont faciles à mélanger : il est littéralement impossible d’en faire « de la boue » ! Au pire, vous pouvez obtenir un gris, mais celui-ci sera toujours pur. De plus, je choisis pour l’essentiel mes couleurs transparentes au sein de deux familles : les quinacridones et
les phtalocyanines. Ainsi, je peux m’attendre à voir des réactions similaires quand les couleurs se mélangent, sur la palette ou sur le papier. De plus, elles sèchent à peu près à la même vitesse, ce qui m’évite des surprises désagréables. Si je souhaite inclure une couleur opaque ou granuleuse dans ma palette, cela ne me pose pas de problème, mais pas dans mes mélanges.

 

4. Une forte saturation

De même que je me limite aux couleurs transparentes pour mes mélanges, je n’utilise que des couleurs très saturées pour obtenir la gamme de couleurs la plus large possible. Il est impossible d’obtenir des couleurs vives à base de couleurs qui contiennent plusieurs pigments ou qui sont ternes à l’origine : les incorporer dans un mélange n’aurait pour résultat que de créer une couleur plus terne encore. En gardant uniquement des couleurs mono-pigmentaires dans ma palette, je suis libre de mélanger des couleurs vives ou ternes, au choix.

5. Des couleurs qui ne granulent pas

Les couleurs granuleuses ne fusent pas de la même manière que celles qui ne le sont pas, car leurs pigments s’attirent mutuellement. Une fois la couleur posée sur la feuille, les pigments se rapprochent ou fusent vers l’intérieur, alors que les couleurs qui ne granulent pas fusent vers l’extérieur. Cette attirance explique pourquoi les pigments s’agglutinent en petits tas, un effet que l’on appelle la « floculation ». Je parie que vous êtes nombreux à avoir remarqué un mélange de couleurs, sur la palette ou la feuille, qui se sépare après seulement quelques secondes. C’est assez courant et cela provient d’un mélange de couleurs granuleuses avec des couleurs qui ne granulent pas. Il se peut que le résultat soit très beau, mais il ne s’agit sans doute pas de l’effet que vous souhaitez obtenir systématiquement.

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